Le Tour du monde en 80 jours

Des premiers grands romans de voyage, le Tour du Monde en 80 jours de Jules Verne, a depuis sa rédaction à la fin du XIXe siècle, donné goût au voyage à des générations d’enfants.

Le Tour du Monde en 80 joursLe roman se présente comme une sorte d’expédition géographique, rappelant les aventures des grands explorateurs des XVe et XVIe siècles, associant un aspirant à la tranquillité sédentaire, le Français Passepartout, à un voyageur autodidacte, l’Anglais Phileas Fogg. De ce dernier, Jules Verne nous dit: « Avait-il voyagé ? C’était probable, car personne ne possédait mieux que lui la carte du monde. Il n’était endroit si reculé dont il ne parût avoir une connaissance spéciale ».

Cette dimension géographique, on la retrouve au patronage du pari par la Société royale de géographique anglaise: « On sait l’intérêt que l’on porte en Angleterre à tout ce qui touche à la géographie. […] En effet, un long article parut le 7 octobre dans le Bulletin de la Société royale de géographie ». Le roman comporte également de belles descriptions géographiques: « Personne n’ignore que l’Inde – ce grand triangle renversé dont la base est au nord et la pointe au sud – comprend une superficie de quatorze cent mille milles carrés, sur laquelle est inégalement répandue une population de cent quatre-vingts millions d’habitants. Le gouvernement britannique exerce une domination réelle sur une certaine partie de cet immense pays. Il entretient un gouverneur général à Calcutta, des gouverneurs à Madras, à Bombay, au Bengale, et un lieutenant-gouverneur à Agra ».

Mais c’est de géographie britannique qu’il s’agit essentiellement. La plupart des pays traversés appartiennent ou appartenaient à l’Empire britannique, le plus grand empire colonial de l’époque avec ses 30 millions de km2, et le point de départ et d’arrivée de toute l’aventure est Londres, sur le méridien de Greenwich.
– Suez et son canal devenu britannique en même temps que l’Égypte,
– le Golfe d’Aden sous contrôle britannique,
– l’Inde possession dela couronne britannique,
– Hong Kong, protectorat britannique en Asie du Sud-Est,
– et les États-Unis, ancienne colonie de peuplement britannique.

Le Tour du Monde en 80 joursJules Verne fait d’ailleurs référence clairement à cette situation en parlant de Hong-Kong : « A peu de choses près, c’était encore Bombay, Calcutta ou Singapour, que le digne garçon [Passepartout] retrouvait sur son parcours. Il y a ainsi comme une traînée de villes anglaises tout autour du monde ».

Repris à la fin du XXe siècle en dessin animé et en film, le Tour du Monde en 80 jours, a gardé tout son pouvoir évocateur même s’il évoque des lieux qui ont sensiblement changé depuis la fin du XIXe siècle.